C) La réduplication :
Un dernier élément après le jeu de scène et le registre du bas, manifeste le caractère farcesque occasionnel de cette comédie: la réduplication. Il est fréquent, dans la farce, en effet, que tel ou tel effet se trouve répété, ce qui a pour conséquence inévitable de provoquer le rire des spectateurs et le sourire des lecteurs, pour le moins. Dans la scène 2, acte IV, où Dom Juan tente de convaincre tour à tour Mathurine et Charlotte de son amour exclusif pour chacune des deux, la séquence « bas à Charlotte » puis « bas à Mathurine » est répétée six ou sept fois, ce qui est proprement un procédé farcesque.
Le même procédé est à l'œuvre dans la scène 4 acte III, lorsque Monsieur Dimanche vient réclamer son argent. Il a beau faire, il ne peut placer un mot, tout accablé qu'il est par les honneurs et préventions que lui prodigue son débiteur. Ce sont des « J'étais venu... », « Monsieur, vous vous moquez, et... », « Monsieur... », « J'étais... » « Je viens pour... », « Je suis venu... »...
Le pauvre homme est chaque fois interrompu avant même qu'il ait pu formuler la moindre requête, et le procédé est répété près de vingt fois, conjugué à tous les temps et à tous les modes: au présent (« je viens »), au passé composé (« je suis venu... »), à l'imparfait (« je venais »), au plus que parfait (« J'étais venus ») et même au conditionnel (« Je voudrais bien »).
Le fait si longtemps répété, est en lui-même fort comique, est digne des meilleures farces, mais il le devient davantage encore quand Sganarelle, étant à bonne école, s'avise de payer lui même le pauvre Monsieur Dimanche de la même monnaie ce qui provoque un effet comique multiple: la répétition et l'imitation du maître.
Tels sont donc les élément qui tiennent de la farce dans cette comédie: les jeux de scène, le bas registre et les répétitions.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire