mercredi 8 décembre 2010

II.A

II) Les différents types du comique présents dans la pièce :

A) Comédie de mœurs:
Le comique de mœurs est un comique utilisé pour critiquer les habitudes dans la conduite de la vie, les costumes et usage d'un pays ou d'un peuple, leur manière de vivre.
A bien des égard, Dom Juan semble une comédie de mœurs. La pièce, en effet, offre un tableau saisissant de la société qu'elle met en scène.

- A travers le personnage de Dom Juan, ce sont les libertins qui sont visés. A la fin de l'acte III, comme «La statue baisse encore la tête», Dom Juan déclare «voilà de mes esprits forts, qui ne veulent rien croire»: l'expression «esprit fort» désigne précisément au XVIIe siècle les libres-penseurs, les libertins, et Dom Juan a beau, à la scène suivante refuser l'évidence, sa mauvaise foi ne saurait le convaincre lui même. Dom Juan est un personnage synthétique: plusieurs types de libertinage sont en lui réunis et figurés.. C'est d'abord le libertinage amoureux ( que l'on constate dès la seconde scène :
«  Pour moi, la beauté me ravit partout où je la trouve; et je cède facilement à cette douce violence où elle nous entraîne. J'ai beau être engagé, l'amour que j'éprouve pour une belle n'engage point mon âme à faire injustice aux autres, je conserve des yeux pour voir le mérite de toutes, et rends à chacune les hommages et les tributs où la nature nous engage » ). Et ensuite le libertinage rationaliste, autrement dit du libertinage de l'esprit:

« SGANARELLE
Qu'est ce donc que vous croyez?
DOM JUAN
Ce que je crois?
SGANARELLE
Oui.
DOM JUAN
Je crois que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit.
SGANARELLE
La belle croyance et beaux articles de foi que voilà! Votre religion, à ce que je vois, est donc l'arithmétique? »

Cette scène, au début de l'acte III, est en effet une profession de foi rationaliste. Dom Juan n'est pas seulement jouisseur, c'est aussi un penseur et un rationaliste. Et qui plus est, Dom Juan cultive le libertinage de l'âme, si l'on peut dire le libertinage religieux, puisqu'il se présente , dans la pièce comme un impie, et presque comme un athée.

Tel est donc le tableur de mœurs que dresse Molière: à travers son héros, il donne à voir la société des libertins du XVIIe siècle, ces grands seigneurs cyniques, libres et désinvoltes.

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